brancardier transportant un patient au bloc opératoire

Le métier de brancardier

Rencontre avec Caroline, porte-parole de l’équipe de brancardiers de la Polyclinique Lyon Nord, le temps d’une interview.

Pouvez-vous nous présenter l’équipe de brancardiers de la Polyclinique Lyon Nord ?

Je suis Caroline, la plus ancienne, arrivée en septembre 2010 à la Polyclinique Lyon Nord à Rillieux-La-Pape. Thierry est ensuite arrivé en 2013, puis Rémi en 2017, Karim en 2018, Nathalie en 2019, Danny en 2020 et enfin Guilhem en 2022. Nous sommes donc 7 brancardiers.

La plupart d’entre nous ont été formés en interne et nous avons une formation de premiers secours.

Nous travaillons sur une amplitude horaire allant de 6h45 à 20h. Les brancardiers arrivent progressivement sur la journée et repartent également progressivement. L’équipe est au complet sur les heures de pointe, sachant que nous gérons également la pharmacie les mardis et jeudis.

Le métier de brancardier est accessible sans diplôme, et la formation à l’AFGSU2 (attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 2) est proposée au sein de l’établissement.

Quelles sont vos missions principales ?

Nous sommes tous polyvalents et rattachés au bloc opératoire. Nous intervenons à l’intérieur comme à l’extérieur du bloc. Cela permet de varier notre travail.

A l’intérieur du bloc opératoire, notre mission consiste dans un premier temps à aider à l’installation du patient. Puis dès que les opérations sont terminées, les infirmières de bloc nous appellent pour aider à remettre le patient dans son lit. Ensuite nous désinfectons toute la salle de bloc et préparons pour la nouvelle installation d’un patient.

En extérieur, nous transportons le patient de sa chambre au bloc opératoire, puis du bloc opératoire vers sa chambre. Nous faisons aussi le transport de la pharmacie, dont les dispositifs médicaux pour certaines interventions comme les cataractes.

Nous transportons également certains prélèvements effectués lors d’une intervention chirurgicale pour analyse immédiate et retour très rapide à l’équipe chirurgicale, ainsi que l’acheminement des prélèvements non urgents aux différents laboratoires d’analyse.

Quelles qualités faut-il pour être brancardier ?

Pour être brancardier, il faut être discret, souriant et surtout rassurant car les patients sont très stressés. Il faut aussi une bonne résistance physique et morale.

Sur des petites journées, nous transportons une trentaine de patients par jour et jusqu’à 60 patients sur des grosses journées. Du coup nous avons tous le podomètre dans la poche ! Sur les petites journées nous sommes à 9 000 pas et nous pouvons monter jusqu’à 17 000 pas par jour, ce qui représente entre 9 et 15 km. Il faut donc une bonne condition physique.

Comment êtes-vous informé du transport d’un malade ?

Auparavant, les demandes de brancardages s’affichaient sur notre écran d’ordinateur mais depuis peu nous sommes passés sur tablettes. Dès qu’une demande de brancardage est déclenchée, une alerte sonore arrive sur la tablette et le premier brancardier disponible se positionne. Cette nouvelle organisation permet de nous coordonner. Une fois avec le patient, nous vérifions son identité et un certain nombre d’informations. Le logiciel permet d’avoir les informations nécessaires à notre travail (numéro de chambre, mode de transport…). En salle d’opération, l’équipe chirurgicale visualise l’étape de prise en charge du patient.

Nous sommes informés en temps réel, alors qu’avant nous devions redescendre au bloc pour voir sur l’écran si un patient était en attente de brancardage. Ces tablettes sont donc vraiment un plus. Chaque brancardier a sa tablette.

Avez-vous des précautions particulières à prendre pour le transport de patients ?

Quand nous prenons en charge un patient, des indications sur le mode de précaution à prendre (risque de transmission) sont affichées sur la porte du patient et le matériel de protection nécessaire est disposé devant la porte : masque FFP2, lunettes de protection, sur blouse, charlotte, sur chaussures…

Quelle est votre priorité en tant que brancardier ?

Le plus important pour moi est de « déstresser » les patients. Nous aimons bien parler avec eux, voir que nous sommes utiles et que nous leur apportons du bien-être.

Nous devons également limiter l’attente des patients car cela favorise leur stress !

Un moment fort que vous avez vécu ?

Il n’y a pas vraiment de moment fort en particulier, mais plutôt une multitude de petites choses. C’est plus sur le plan émotionnel, quand par exemple un patient nous parle de sa maladie…

Il y a quand même eu un moment difficile pour l’un des brancardiers, alors qu’il remontait une patiente de la radiologie dans sa chambre. Il s’est retrouvé seul avec la patiente dans l’ascenseur, quand celle-ci s’est mise à ne pas aller bien. Du coup il l’a descendue au bloc opératoire. Ce sont les infirmières du service qui l’ont aidé.

Quel est le réflexe à avoir en situation difficile ?

Pour ma part, je me suis retrouvée une fois en situation difficile. J’étais en train de marcher dans le couloir dans un service et une dame est arrivée en criant vers moi. Son fils était en train de faire une crise d’épilepsie dans les couloirs, il était par-terre. Moi je ne savais pas ce qui se passait. Je n’avais pas encore eu la formation AFGSU. Du coup j’ai appelé le numéro d’urgence (c’est celui des anesthésistes). J’ai donné ma localisation et suis restée à côté du patient. La sonnerie est spéciale pour indiquer qu’il s’agit d’une urgence. L’anesthésiste est donc arrivé très très vite.

A titre personnel, quelle satisfaction retirez-vous de votre travail ?

J’ai beaucoup appris dans le domaine de la santé car à la base je n’étais pas du tout dans ce secteur. C’est une chance d’être brancardier au bloc opératoire, nous voyons énormément de choses. Les médecins nous apprennent aussi beaucoup. Nous sommes toute la journée avec eux, dans les salles, nous les voyons tout le temps, que ce soit les médecins, les IBODES, les infirmières, les anesthésistes d’ailleurs. Quand nous avons des questions, ils n’hésitent pas à nous expliquer. Il y a beaucoup d’échanges.

Si nous apprenons beaucoup au bloc, en extérieur nous avons la satisfaction de voir que nous apportons énormément aux patients. Nous discutons avec eux. Ils nous disent « merci pour votre sourire », « pour votre soutien », « ça m’a fait du bien »…

Justement, arrivez-vous à tisser des liens avec les patients que vous emmenez au bloc ?

Parfois on nous remercie dès l’arrivée au bloc. Nous parlons un peu de tout et de rien avec les patients, nous essayons vraiment de détourner leur attention. Par exemple l’autre jour, j’ai montré une vidéo de sport sur Youtube à une fillette pour la distraire. Nous leur changeons les idées, rigolons, et maintenant que nous avons les photos du personnel et des médecins enfants à l’entrée du bloc, ça fait un sujet de conversation, ils cherchent qui est qui, ils oublient.

Nous arrivons vraiment à créer une complicité. Parfois quand le patient part du bloc, il demande même le brancardier qui l’a descendu !

Comment a évolué votre métier de brancardier depuis vos débuts ?

Il y a eu pas mal de changements. A la base il y avait 2 salles de bloc en moins et nous étions 8. Avec les deux salles supplémentaires au bloc, petit à petit l’organisation a été revue et nous réalisons aujourd’hui des tâches que nous ne faisions pas avant : par exemple fermer les fûts DASRI (déchets d’activité de soins à risque infectieux), préparer les salles d’opération, c’est-à-dire regarder les opérations programmées le lendemain, changer les tables d’opération…

Nous avons aussi une check-list de vérification du matériel de bloc que nous devons remplir le soir afin de vérifier que tout est prêt dans la salle pour le lendemain.

Aller au contenu principal